SAN MIGUEL DE CELANOVA
Remarques préliminaires
- Déclaré Monument National en 1923.
- Situé dans le jardin potager du Monastère de Celanova, représente le seul monument haut-médieval espagnol qui n’ait pas subi de modifications depuis sa construction au Xème siècle.
Environnement historique
De 8,5m de longueur, 3,85m de largeur et 6m de hauteur maximale, il s’agit de la plus petite église mozarabe connue. Comme il figure dans un document du début du XIème siècle, ce petit oratoire fut construit dans le potager de Celanova, vers l’année 940, par San Rosendo de Dumio à la mémoire de son frère Froila, fondateur du monastère. Il semble qu’à l’origine ce fut un hospitiolium, fonction qui le destinait à servir de logement à des moines de passage qui n’appartenaient pas au monastère.
Description
Construit en magnifique pierre de taille selon la tradition du meilleur art wisigoth du VIIème siècle, il se compose d’une petite nef carrée, sans compartiments latéraux, une petite antichambre ou portique et une abside minuscule, séparés entre eux par des arcs en fer à cheval prolongés jusqu’à 2/3 de rayon et encadrés par un “alfiz” mouluré. Le fait que la nef centrale soit sensiblement plus large que l’abside et le portique lui confère une certaine sensation d’église cruciforme, au style de Santa Comba de Bande, église wisigothe du VIIème siècle, à seulement 16kms de Celanova et surtout de San Fructuoso de Montelios, située à Braga (Portugal) et aussi très proche, qu’elle rappelle par la qualité des pierres de taille utilisées dans sa construction.
San Miguel dispose d’une seule porte à l’extérieur, déprimée et située, comme il est habituel dans les églises mozarabes, sur le côté sud, bien que dans ce cas elle ne se trouve pas au centre de l’église, mais dans le portique, et à six fenêtres, toutes très étroites, évasées, et terminées en arcs en fer à cheval, situées l’une dans l’abside, l’autre dans le portique et les quatre autres dans la partie supérieure de chaque mur de la pièce principale. Celle-ci est couverte d’un toit à quatre versants qui aboutit dans un ample auvent formé de larges dalles de granit supportées par de grands modillons en pierre, décorés d’une chaine de huit et, dans certains cas de dix lobes, typiquement mozarabe, et appuyés sur un rebord horizontal qui longe les quatre murs, de telle manière que le toit forme un ample auvent, procurant une plus grande sensation de gracilité. Dans le second modillon du côté nord, nous pouvons observer la taille d’une figure humaine, cas unique de ce genre dans l’Art Mozarabe. Un autre détail à mettre en relief est la présence de quatre contreforts, semblables à ceux qui se trouvent dans les constructions asturiennes antérieures, deux sur les côtés de la nef centrale et deux autres sur ceux du portique, peut-être dans le but d’augmenter la sensation de verticalité puisqu’ils ne semblent pas nécessaires dans la structure.
Ce qui confère à cette petite chapelle une importance spéciale dans l’étude de l’architecture mozarabe,est le fait que pour la couverture de chacun des trois corps, tous trois voûtés, on ait utilisé des systèmes différents, ce qui la convertit en un authentique exemplaire des méthodes de voûte utilisées à cette époque. La pièce principale est couverte d’une voûte d’arêtes en brique, soutenue par des arcs surélevés qui partent de consoles en rouleaux, et qui s’élève suffisamment pour permettre l’ouverture dans ses murs de quatre fenêtres élevées qui offrent une excellente illumination à tout l’intérieur de l’oratoire. La voûte du portique est en berceau en forme de fer à cheval, appuyée sur une moulure de socle et l’abside est couverte d’une voûte formée par l’intersection de huit calottes sphériques vu que, bien que sa forme extérieure soit un carré, l’intérieure forme un fer à cheval très fermé, de 1,35m de rayon qui, par sa petite taille, rappelle davantage un mihrab arabe qu’une abside chrétienne.
La structure de San Miguel de Celanova rappelle sur beaucoup de points celle de Santiago de Peñalba, comme si on était parti de ce modèle pour faire un édifice beaucoup plus petit, en éliminant les compartiments latéraux et l’abside confrontée, mais de mêmes caractéristiques. En effet, nous retrouvons ici une nef centrale plus haute, entre une autre nef et une abside, beaucoup plus petite et moins haute, carrée à l’extérieur et en forme de fer à cheval à l’intérieur. Nous trouvons aussi, entre autres coïncidences, des formes de couverture très dépurées, des contreforts et des auvents supportés par des modillons en rouleaux. Nous avons d’autres raisons pour penser qu’elles ont été construites par le même architecte,surtout par sa maitrise dans les différents types de voûte étant donné que, malgré l’utilisation de systèmes très sophistiqués pour l’époque, les deux édifices nous sont parvenus sans dommages significatifs. Cependant, il semble évident qu’à Celanova, la qualité de construction est supérieure, comme si on avait conservé dans cette zone de Galice pendant plus de deux cents ans la tradition de construction de l’art wisigoth du VIIème siècle.
Le résultat final est que, dans ce petit édifice de moins de 22m2, nous pouvons assurer de manière irréfutable la relation entre l’art wisigoth et son successeur, l’art mozarabe qui, comme nous l’avons déjà indiqué, devrait s’appeler, d’après nous,”néowisigoth”. En effet, tout y est un chant à l’écclectisme qui pemet aux constructeurs d’utiliser, selon leur propre critère, dans chaque édifice les éléments artistiques ou techniques connus à chaque moment,sans l’obligation de suivre des règles strictes, ce qui donne une liberté de création que nous considérons comme la caractéristique la plus significative de ces deux périodes de l’art haut-médiéval espagnol. Nous trouvons à San Miguel de Celanova des éléments pris de San Fructuoso de Montelios, comme son type de construction, l’apparence de structure cruciforme et son aspect extérieur en général, avec en outre quelque détail de l’art asturien tels que les contreforts,et tout cela uni à des techniques de couverture et, peut-être le plus important, une sensibilité arabe dans tous les détails de son intérieur, depuis la décoration des voûtes et les arcs en fer à cheval avec “alfiz”, jusqu’au traitement de la lumière, à base de fenêtres étroites avec ébrasure intérieure, situées de telle sorte qu’elles illuminent deux hauteurs de l’intérieur, donnant une plus grande sensation de profondeur à un espace aux proportions si réduites.
Autres informations intéressantes
Moyen d’accès: Sortir d’Orense et prendre la OU-540, direction Celanova. Distance totale:25kms.
Coordonnées GPS: 42º 9′ 8,20″N 7º 57′ 24,73″W.
Téléphone d’information: Office du Tourisme au monastère: 988.43.2.201, Fermé, confirmer au tfon . 646.026.421.
Adresse de Courriel: turismo@celanova.es.
Horaire des visites: Du mardi au samedi de 12h30 à 16h.
Bibliographie
Imagen del Arte Mozárabe; José Fernández Arenas
SUMMA ARTIS: Tomo VIII
L’Art Préroman Hispanique – L’Art Mozarabe: ZODIAQUE
Portails
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