Représente le monument haut médieval de la péninsule ibérique avec une datation des plus conflictives car, bien que considérée à l’origine comme une église wisigothe sur une construction antérieure paléochrétienne, il y a trop de détails dans sa structure qui font douter de la provenance des différents éléments parvenus jusqu’à nous.
Inscrite dans un rectangle dépassé seulement par le chevet, elle se composait d’une
nef de 6,60×3,90m entre deux murs de 6,75m de hauteur, avec deux annexes parallèles à cette nef compartimentées de la même manière qu’à Quintanilla de las Viñas, une nef transversale formant une sorte de transept et une abside carrée dans le chevet, avec deux absidioles sur les côtés, sur la nef du transept, de plan semicirculaire et de construction bien sûr postérieure. Â la fin des nefs se trouvait un narthex , avec une seule porte centrale, supportant une tribune. Il est presque sûr que toute l’église devait avoir une couverture en bois, sauf le chevet en berceau, continuant la forme en fer à cheval de son arc d’entrée.
La structure du carré central est très intéressante, non seulement par son atypisme mais aussi par sa structure très originale et d’un agréable impact visuel, avec une ouverture vers le chevet, deux vers chacun des côtés du transept et trois vers la nef centrale, Sa communication avec l’abside se faisait par un arc triomphal en fer à cheval,
sur deux magnifiques impostes qui avaient une partie plus large incrustée dans le mur et de décoration végétale, et une autre plus étroite, où s’appuyait une colonne surmontée d’un chapiteau, aujourd’hui disparus. De chaque côté du transept se trouvaient deux arcs surélevés qui s’incrustaient dans les murs sur des impostes décorées, unis sur une colonne centrale, alors qu’entre la nef centrale et celle du transept il y a un mur dans lequel s’ouvrent trois embrasures, créant entre les deux une séparation semblable à celle que nous trouvons habituellement dans les églises asturiennes, comme San Julián de los Prados, un arc en plein cintre surélevé, sur des impostes latérales en très mauvais état, et sur les côtés deux fenêtres symétriques à 80cm du sol, terminées aussi en un arc en plein cintre surélevé. Chaque nef latérale communiquait avec la transversale par une porte étroite et avec la nef centrale par des fenêtres symétriques.
La forme des portes d’accès est assez surprenante, l’une au fond de la nef centrale et l’autre sur le côté gauche, rectangulaires, avec un linteau et un arc semi-circulaire de décharge du plus pur style asturien.
L’analyse de San Giao est très conflictive.Quand nous la voyons, à l’intérieur et à l’extèrieur, nous avons d’abord la sensation de nous trouver face à une église asturienne vu que le mur de séparation entre la nef centrale et celle du transept est l’une des carctéristiques les plus significatives et de plus grand impact visuel de l’art asturien de l’époque d’Alfonso II. A cela il faut ajouter la ressemblance des portes d’entrée, avec linteau et arc de décharge, la présence d’arcs en plein cintre surélevés et celle du narthex avec une tribune élevée. Cependant, la distribution du chevet, l’arc d’entrée à ce dernier et la plupart de la décoration trouvée sont clairement wisigoths du VIIème siècle.
Par conséquent, la première possibilité à envisager serait qu’il pourrait s’agir d’une église wisigothe du VIIème siècle qui, par la suite, aurait été détruite par les arabes, sauf le chevet et des restes de décoration, et reconstruite au style asturien deux siècles plus tard. Le problème est qu’il semble tout à fait improbable que les chrétiens aient pu reconstruire un monastère à Nazaré,vers l’an 900, étant donné
que d’après ce que nous savons jusqu’à maintenant, bien que Coimbra ait été sous leur domination à partir de 880, Santarém ne fut conquise qu´en 1064 et Lisbonne en 1147. Tout ceci semble indiquer que Nazaré, à 111kms au sud de Coimbra et si près de Santarém, ne serait libérée qu’après l’an 1050, époque pendant laquelle une reconstruction de style asturien est impensable, il est même impossible d’envisager, aussi bien pour des motifs historiques que parce- qu’il n’y a pas de relations avec ce style qu’elle aurait pu être reconstruite par des mozarabes. Et à San Giao, il n’apparait aucune caractéristique rappelant la première construction romane déjà à l’époque d’Alfonso VI. En outre,, la séparation entre la nef et le chevet ne peut être associée aux rites chrétiens de cette période.
Il est aussi très difficile d’envisager la possibilité que toute la contruction arrivée jusqu’à nous soit wisigothe du VIIème siècle parce que, pour cela, il faudrait accepter l’idée que dans l’architecture wisigothe de cette époque, outre les églises cruciformes que nous connaissons, naissait peu à peu l’antécédent direct des églises du premier art asturien, avec un mur de séparation entre la nef et le chevet, tribune et,ce qui serait encore plus difficile à croire, la réutilisation de l’arc en plein cintre.
Cependant, avant d’exclure cette possibilité dans son entier, il est important de penser que, comme nous ne possédons aucun reste de construction wisigothe dans les grandes villes, sauf
quelques restes dépareillés de décoration, nos connaissances de cette architecture du VIIème siècle se limitent aux magnifiques, bien que moins significatives, églises monacales, construites dans les zones rurales et dans un but très différent de celui supposé pour les basiliques qui se trouvaient dans les villes importantes. Il y a des détails significatifs, comme la taille de la basilique de Cabeza de Griego, située dans un noyau urbain assez réduit mais avec un siège épiscopal, très supérieur à celui de toutes les villes rurales, ou la structure de Quintanilla de las Viñas, clairement wisigothe, mais qui, comme nous l’avons vu, a déjà beaucoup d’antécédents du premier art asturien.
Par conséquent, pour arriver à une conclusion sur l’origine de San Giao, il faut attendre de connaitre les conclusions de l’étude et la restauration qui s’effectuent maintenant, et qui peuvent nous apporter de nouvelles données, sur les questions les moins connues de l’art haut médieval dans notre péninsule.
REMARQUE : Grâce à notre accord avec URBS REGIA pour partager des informations sur les monuments entre nos pages, aux photos que nous incluons dans le texte, prises par nous vers 1980, qui montrent la situation de l’église dans ces années, nous avons pu inclure d’autres photos de sa restauration en 2005.
L’Art Preroman Hispanique: ZODIAQUE
Imagen del Arte Hispanovisigodo: Pedro de Palol
Historia de España de Menéndez Pidal: Tomo VI
Historia de España de Menéndez Pidal: Tomo VII(Sánchez Albornoz)
Bon soir!
Un travail trés intéressant!
Mérci beaucoup.