MONASTERIO DE PLA DE SES FIGUERES
Environnement historique
Dans une des lettres que le pape Grégoire le Grand a adressée au défenseur Johanès, on peut lire « Là où la gravité des fautes exige l’application du droit canonique, il ne faut pas laisser de côté ce qui doit être corrigé, ni si, en négligeant nous donnons de la force aux actions dépravées que, nous semble-t-il, nous devons récolter à la faucille de la discipline. Parce que nous avons reçu des nouvelles selon lesquelles les moines du monastère situé sur l’île de Capria, située à côté de Majorque, qui est aussi une île, agissent d’une manière si perverse et ils ont ont soumis leur vie à divers crimes, qui montrent que, plus que de servir Dieu, ils combattent, et nous disons cela en criant, en faveur de l’ancien ennemi. Vous, soutenus par l’autorité que vous donnent ces lettres, vous rendez au monastère susmentionné, pour connaître la vie et les coutumes de ceux qui y vivent, à travers une enquête précise. De cette façon, tout ce que vous trouvez qui doit être supprimé, comme l’exige la norme canonique, vous devez le corriger en imposant les sanctions correspondantes, et vous devez prendre soin d’informer les moines de tout ce qu’ils doivent observer. Votre manière de corriger doit servir à la fois à ramener les moines sur le chemin de la bonne vie monastique, et à ce qu’en aucune manière vous ne soyez coupables de rien devant nous » (Grégoire Ier, Epistola XIII, 47. de J. Amengual Batle, 1991, 392-393). Il existe donc des preuves qu’en 603 après JC. C. il y avait à Cabrera une communauté monastique suffisamment importante pour que le pape la prenne en considération et essaie de la réorienter vers « le chemin de la bonne vie monastique ».
Les recherches archéologiques menées depuis les années 90 du XXe siècle sur le site archéologique du Pla de ses Figueres sur l’île de Cabrera ont permis de documenter les vestiges de ce qui semble avoir été le monastère de cette communauté.
Description
Un certain nombre de structures associées à la production de vin ont été documentées et pourraient également avoir fait partie d’un atelier de production de violette. Ils correspondent à un mur, un trottoir et un seau. Sur la base des résultats des fouilles archéologiques effectuées jusqu’à présent, on peut affirmer qu’ils étaient utilisés aux Ve et VIe siècles après JC. C., surtout à l’époque des îles Baléares appartenant au royaume vandale d’Afrique du Nord. Bien qu’il ne soit pas exclu que cette production ait pu commencer un peu plus tôt, peut-être en lien avec le Procurator bafii insularum Balearum</ i >, dont nous avons connaissance grâce à la Notitia Dignitatum Occ. XI71.
Une nécropole fut construite sur les effondrements de ces structures, active au moins depuis la fin du VIe siècle et <surtout au 7ème siècle après JC. C. Au total, cinq tombes ont été identifiées dans ledit cimetière, dont trois ont déjà été entièrement fouillées. Ces trois-là sont dotées d’une fosse de type baignoire (plan trapézoïdal aux extrémités arrondies), à parois verticales parallèles, et dotée d’un retrait pour accueillir le couvercle. Ses toitures sont constituées de quatre ou cinq dalles de pierre posées à plat. Dans chacune des tombes, un seul squelette a été retrouvé, placé en décubitus dorsal, les jambes tendues et les bras près du corps, ou légèrement pliés, reposant sur le bassin. Les trois squelettes correspondaient à des mâles adultes. Aucune des sépultures ne présentait de mobilier funéraire et aucun élément permettant de deviner la présence d’un quelconque type de coffret funéraire n’a été trouvé.
Au cours du VIIe siècle, différents bâtiments furent construits, liés aux zones de travail et de stockage. Pour l’instant, deux pièces de respectivement 13 et 17 m2 ont été documentées.
Au Pla de ses Figueres, il a également été possible de documenter un ensemble de seaux et une pièce qui, selon toutes les indications, faisait partie d’une usine de salaison, où l’on devait saler le poisson ou préparer une sorte de sauce. Il n’a pas encore été possible de confirmer complètement que cette usine était utilisée par la communauté monastique, mais il faut garder à l’esprit que ces types de production correspondent très bien aux activités connues pour avoir été exercées par les moines de ces siècles.
Mateu Riera Rullán pour URBS REGIA
Autres informations intéressantes
Heures de visite:: Ouvert toute l'année Visite libre ou guidée. Gratuit
Bibliographie
RIERA RULLAN, M., (2013): “El monasterio de la isla de Cabrera (Islas Baleares. Siglos V-VIII d.C.). Testimonios arqueológicos de los monjes reprobados por el papa Gregorio Magno”, 19th Annual International Scientific Symposium of the International Research Center for Late Antiquity and Middle Ages University of Zagreb, Le monachisme insulaire du IVe à la fin du XIe s., Hortus Artium Medievalium, 19, Zagreb-Motovum, 47-61.
ID., (2014, Coord.): El monestir de Cabrera. Segles V-VIII dC, Ajuntament de Palma, Palma, (Traducciones al castellano e inglés.
ID., (2017): El monacat insular de la Mediterrània Occidental. El monestir de Cabrera (Balears, segles V-VIII), Studia Archaeologiae Chritianae, 1, Ateneu Sant Pacià, Facultat Antoni Gaudí d’Història, Arqueologia i Arts Cristianes, Facultat de Teologia de Catalunya i Institut Català d’Arqueologia Clàssica, Barcelona.
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