(Voir en premier lieu la description générale de l’Ensemble Episcopal de Tarrasa)
Construite avec le même genre d’appareil extérieur que les deux autres, San Pedro de Terrasa est la troisième église de cet ensemble épiscopal. Il s’agit de celle située le plus au nord et qui, selon la tradition de l’époque, devait être
une église paroissiale ou étre utilisée comme “martirium”. Dans la cas de San Pedro, comme il existe déjà une crypte martyriale à San Miguel, il semble plus raisonnable de penser qu’il pourrait s’agir d’une église paroissiale. Elle avait à l’origine une forme basilicale de trois nefs, qui disparurent par la suite à partir de leur deuxième tronçon et, comme à Santa María, pendant la restauration d’époque romane, seule la centrale fut reconstruite, conservant dans ce cas et à ce qu’il parait toute sa longueur originale. Comme aussi à Santa María, le résultat à San pedro , encore visible de nos jours, est une église d’appar
ence cruciforme, dans laquelle le premier tronçon des nefs latérales, qui subsiste encore, a aussi le rôle de transept.
Son chevet mérite d’être mentionné, de forme trilobulée, aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur, ce qui, comme nous l’avons déjà indiqué, fait penser à un clair intérêt de la part de ses constructeurs d’établir d’importantes différences entre les structures des trois églises. Cependant, à San Pedro, cette forme d’abside est semblable à celle de la crypte de San Miguel. Ce type de chevet avait déjà été utilisé auparavant en Orient et en Afrique, en France et même à Evora, aujourd’hui disparue mais dont nous conservons la description. De même le plan quatrilobulé du martirium de la Dehesa de la Cocosa et le chevet triconque de l’église wisigothe récemment fouillée San Acisclo à Cordoue, sont d’autres possibles antécédents en Espagne.
La couverture de l’abside, qui peut avoir subi des modifications dès sa construction initiale, se compose de quatre voûtes; les trois des lobules en quart de sphère et la centrale, supportée sur le trapèze formé par les extrémités et les lignes d’intersection des lobules, et dont la fome rappelle une voûte en cul-de-four surhaussée. L’absidiole central, couvert d’un rétable ajouté vraisemblablement pendant la restauration du XIIème siècle, dans lequel nous pouvons voir six arcs en plein cintre sur des colonnes et des chapiteaux, à deux niveaux, avec deux arcs au niveau supérieur et quatre à l’inférieur, est décoré de peintures qui semblent de type roman primitif, à l’intérieur comme autour des arcs. On a trouvé sur le sol de l’abside une mosaïque polychromée avec une décoration géométrique de bonne qualité à base de carrés et cercles, dont la datation n’a pu être déterminée, bien que l’on suppose que, indépendamment qu’elle ait été créée pour cette église ou réutilisée, elle dut être installée pendant la même phase que le rétable. Dans chaque lobule se trouve une fenêtre qui, par leur forme et leur taille sont sans doute le résultat d’un agrandissement des originales lors de la restauration du XIIème siècle.
Lors de la campagne de restauration de San Pedro de 1975, une attention spéciale fut portée à l’étude de l’intérieur de son chevet. Ses parement
s intérieurs furent nettoyés, s’assurant que les voûtes soient “en filet”, construites avec des piêces en terre cuite placées radialement, très habituel dans l’architecture romane, et que les zones supérieures soient du même genre décrit pour l’extérieur, à base de petites pierres de taille placées en files horizontales alors que les zones inférieures ont un appareil très irrégulier. On observa aussi que l’intérieur du chevet avait subi plusieurs transformations et que le sol original était en “opus signinum” et à un niveau plus bas que la mosaïque décrite.
Pendant cette même campagne l’abside centrale fut étudiée, et l’on put voir que le rétable s’appuyait sur un remplissage de maçonnerie coffré en bois, ce qui permit de laisser derrière un espace libre jusqu’à la voûte originale, et devant une sorte de pièce prismatique assez ample sous le rétable, dont nous ignorons l’utilité.
Les résultats de l’analyse ne laissent aucun doute sur l’ancienneté du chevet et confirm
ent que l’église fut l’objet de plusieurs réformes antérieures à l’installation du rétable, ce qui réduit sensiblement la possibilité de sa construction originale à l’époque carolingienne bien que, comme nous l’avons déjà commenté, le type d’appareil puisse paraitre de cette époque. Cependant, tout ce qui a été découvert confirme l’utilisation de techniques et structures déjà connues depuis l’architecture romane ainsi que certains détails de grande importance, -comme les deux absides avec plan et arc d’accès en forme de fer à cheval et la forme du troisième, celui de San Pedro, qui a de clairs antécédents dans l’architecture du VIème siècle, ainsi que le fait que les trois églises n’aient eu qu’une seule abside, bien que deux d’entre elles aient un plan basilical de trois nefs, fait inhabituel dans l’art arabe et dans le carolingien -, et réaffirme l’idée, déjà exposée pour l’ensemble et chacune de ses églises, que tout l’ensemble fut construit pendant la phase d’apogée de l’évêché dans les cinquante dernières années du règne wisigoth.
Historia de España de Menéndez Pidal: Tomo III
SUMMA ARTIS: Tomo VIII
L’Art Préroman Hispanique: ZODIAQUE
Ars Hispanie: Tomo II
Los Templos Visigótico-Románicos de Tarrasa: F. Torrella Niubó