Cet intéressant ermitage, situé à seulement 6 kms de Silos, se trouve sur un petit rocher, entouré du magnifique paysage de la vallée de Tabladillo, dans le territoire municipal de Barriosuso, zone où passait la voie qui unissait Clunia et Astorga et où subsistent les vestiges d’un emplacement romain depuis l’époque du haut Empire, qui se maintint au moins jusqu’à la période romaine tardive et dont on conserve encore, près de Santa Cecilia, les vestiges restaurés d’un pont romain.
Santa Cecilia est une église construite en petites et grandes pierres de taille, composée d’une seule nef rectangulaire
de 8,37m sur 4,37m, et d’une abside carrée d’environ 2 m de côté, orientée vers l’est, toutes deux avec une toiture à deux versants. Actuellement il y a aussi un portique roman adossé au còté sud, bien construit à base aussi de petites pierres bien taillées et une tour carrée, érigée sur l’abside en maçonnerie de plus mauvaise qualité que le reste de l’église et de datation problématique, mais sans aucun doute de construction postérieure.
Actuellement, la seule porte d’accès est située sur le côté sud. Elle provient de la modification d’époque romaine, estimée au milieu du XIIème siècle, et comprend un arc double en plein cintre sur des impostes et des jambages. Elle dispose d’une simple mais très belle décoration dans laquelle nous surprend la ressemblance entre le genre de taille sur ses impostes et les frises de Quintanilla de las Viñas -située seulement à 45 kms- aussi bien par la technique utilisée que par son schéma décoratif, fait de tiges ondulées avec des fleurs à trois feuilles aux inflexions, d’évidente ascendance wisigothe.
Sur le mur sud, nous pouvons aussi distinguer les linteaux de deux portes,
actuellement condamnées, qui durent appartenir à la structure originale. Près de la porte d’entrée se trouvent deux fenêtres de type meurtrière, en arc en fer à cheval, qui correspondent aussi à la phase mozarabe. L’église dispose aussi de deux fenêtres dans l’abside, l’une d’elle dans le mur du chevet, du type fenêtre-jalousie, en forme de croix délimitée par cinq cercles, et une autre sur son côté sud, très étroite, de double ébrasure. Dans le pignon occidental, où il est évident qu’il n’y eut jamais de portes, se trouve une grande fenêtre, ouverte pendant le restructuration de la fin du XIXème siècle, remplaçant sans doute l’originale de plus petite taille.
 l’intérieur, où nous ne voyons aucun type de décoration, il n’y a que deux milieux, la nef et l’abside, séparées par un arc en fer à cheval qui peut être considéré comme l’élément le plus caractéristique de tout l’ensemble. Il fut modifié au XIIème siècle, abaissant les côtés latéraux du fer à cheval pour lui donner une apparence romane, mais en1889 les moines de Silos placèrent à la naissance de l’arc, en guise d’impostes, deux pierres de taille terminées en courbe, dans le but de lui rendre sa forme originale en fer à cheval. Si les vousseaux n’ont aucun indice de décoration et s’il n’y a aucun “alfiz”, nous savons par contre que, jusqu’en 1974, il y avait une pierre saillante au-dessus des vousseaux supérieurs, décorée d’une croix évidée, actuellement à Silos, ainsi qu’un bénitier, transféré aussi à Silos, taillé dans une pierre quadrangulaire et avec une intéressante décoration d’époque très antérieure à l’église.
Alors que la nef a une couverture en bois, à deux versants, reconstruite en 1889, l’abside est couverte d’une voûte en coupole sur des pendentifs, construite à base de grands moellons, solution courante dans l’architecture byzantine, et qui rappelle celle de Gabia Grande, bien qu’il soit probable que son utilisation dans l’Espagne du début du Xème siècle provienne de l’influence provoquée par les importantes relations artistiques entre Al-Andalus et Byzance à cette époque.
L’histoire que nous connaissons de cet ermitage concorde avec les caractéristiques de l’édifice qui subsiste de nos jours. En effet, la première preuve documentaire de Santa Cecilia est un diplôme qui date de l’année 924, en pleine période de repeuplement de cette zone, année où les seigneurs qui la dominait émancipaient l’église, qui semble avoir servi pendant plus de cent ans comme église paroissiale de Tabladillo, municipe aujourd’hui disparu mais qui fut une villa indépendante, de relative importance pendant la domination romaine et les premiers siècles de la reconquête. Par la suite, en 1040, après les incursions d’Almanzor dans la zone, l’ermitage appartint à San Pedro de Arlanza et en 1125 à Santo Domingo de Silos, dont il dépendra jusqu’à la “desamortización” de 1835.
Tout ceci concorde sans aucun doute avec la datation que nous pouvons
avancer si nous nous basons sur les caractéristiques de l’édifice, étant donné que par la typologie de l’arc en fer à cheval de l’abside, la forme de la couverture du chevet et les fenêtres, aussi en fer à cheval, ainsi que par le fait, très significatif, que la porte d’accès ait été placée sur le côté sud, habituel dans l’architecture mozarabe contrairement à la wisigothe, qui normalement situait la porte principale dans le pignon opposé au chevet, il semble évident que nous nous trouvons face à une construction mozarabe qui, par sa taille, la simplicité de sa structure et par son manque de décoration, dut être l’un des premiers édifices de ce genre construit, à la fin du IXème ou début du Xème, ce qui coïncide parfaitement avec la diplôme de donation de l’année 924.
Dans la même ligne, l’agrandissement roman, pendant lequel fut ajouté le portique et la porte d’accès substituée, doit correspondre à ses premières années de dépendance de Silos, bien qu’il nous resterait à savoir si la tour sur l’abside fut construite pendant cette même phase ou à un autre moment.
L’ermitage de Santa Cécilia est un exemple intéressant du premier art de repeuplement dans la province de Burgos, moins monumental que le mozarabe léonais et de caractère différent, peut-être en raison de sa situation dans une zone beaucoup plus exposée aux attaques arabes et d’un repeuplement en majorité par des gens venus du Nord, avec une représentation de chrétiens provenant de Al-Andalus plus petite qu’à León et à l’ouest de la Castille.
Historia de España de Menéndez Pidal: Tomos III, VI y VII *
L’Art
Preroman Hispanique: ZODIAQUE