BASÍLICA DE BOBASTRO

Remarques préliminaires
Environnement historique



Malheureusement ou peut-être par négligence de la part des responsables successifs, pendant environ 150ans, des vestiges de Bobastro décrits par Simonet et Margelina, il n'en reste qu'une pauvre image, la basilique "indestructible" subsistant encore, mais grande partie du reste des structures qui s'était conservées pendant presque mille ans ayant disparu. Cependant il semblerait qu'actuellement la situation commence à changer car, pendant la construction d'accès et l'installation de panneaux d'information, sont apparus les vestiges d'un autre édifice ecclésial de trois nefs dont nous ne savons rien d'autre pour le moment. Tout cela semble indiquer un nouvel intérêt officiel pour Bobastro, toujours dans l'attente d'une étude archéologique complète qui pourrait apporter beaucoup de données intéressantes sur la ville fortifiée et ses habitants.
Description

La basilique, qui forme un rectangle de 16,50 x 10,30m orienté de façon canonique avec le chevet vers l'est, se compose de trois nefs, la nef centrale un peu plus large que les latérales et, maintenant la même largeur que les nefs, un transept triple aussi et trois absides, les latérales carrées et la centrale en forme intérieure de fer à cheval dépassant légèrement le rectangle général. Les accès aux absides et aux compartiments du transept disposaient de jambages et chancels de séparation d'espaces, typiques dans la liturgie mozarabe, tout cela taillé dans la même roche. Il est aussi intéressant de souligner que le niveau du sol des différentes zones diminue peu à peu d'est en ouest, 17cm entre l'abside et le transept, les autres 17 entre celui-ci et la nef, sans doute pour des raisons liturgiques. Sous le sol de la nef centrale, sur le côté ouest, se trouve l'entrée à une crypte, que l'on avait commencé à creuser sour l'église.
En analysant son plan, nous nous sommes rendu compte qu'il correspond presque exactement au même modèle que celui de San Miguel de Escalada si nous substituons les colonnes par des piliers monolithes, beaucoup plus faciles à tailler dans la roche, la seule différence étant qu'à Barbastro, les absides latérales sont rectangulaires, comme celles de San Cebrián de Mazote. Nous savons que ces deux églises furent construites au début du Xème siècle par des moines émigrés de Al-Andalus,et, par conséquent si la basilique de Bobastro fut construite entre la conversion d'Omar ibn Hafsun au christianisme en 899 et sa mort en 917, ce qui semble probable, nous arrivons à la conclusion que les mozarabes construisaient déjà au début du Xème siècle des basiliques de structure similaire, aussi bien dans la région montagneuse de Ronda que dans les territoires qu'Alfonso III el Magno était en train de reconquérir au nord du Duero.
Beaucoup plus de doutes surgissent quand nous nous demandons

Il faudrait aussi considérer oû en était la construction quand Bobastro fut conquise et en partie détruite par les troupes cordouanes.

Cependant son aspect général, les nouvelles nous rapportant que, dans son environnement furent enterrés Omar ibn Hafsun et l'un de ses fils et les vestiges complémentaires de construction conservés dans son ample "patio", semblent indiquer que, même s'il est possible qu'une construction d'une telle envergure n'ait pas pu se terminer, elle fut quand même utilisée pendant quelques années.
Conclusions
De toutes manières, même si nous n'arrivons jamais à connaitre exactement son histoire et sa forme initiale, cette basilique, d'après nous, en raison de ses caractéristiques particulières, nous offre des informations du plus grand intérêt aussi bien pour reconnaitre sans aucun doute- bien que d'autres auteurs aient proposé d'autres possibilités- les ruines de las Mesas de Villaverde comme les vestiges de Bobastro, que pour refuser la possibilité qu'il pourrait s'agir d'un monastère rupestre semblable à beaucoup d'autres qui subsistent encore en Al-Andalus et dans le reste de la péninsule. Pour terminer, nous nous limiterons à énumérer les détails qui nous paraissent les plus remarquables:
- En premier lieu, il faut insister sur le fait qu'il ne s'agit pas d'une église rupestre au sens traditionnel du terme, étant donné qu'a Bobastro, on n'essaya pas, comme il était habituel dans les monastères de ce type, d'utiliser un refuge naturel comme lieu de culte après une petite adaptation, conservant au maximum sa forme originale et une discrète apparence extérieure. Bien au contraire, il s'agissait dans ce cas-là de construire un édifice exempt en taillant une roche, fait réellement atypique, non seulement en Espagne mais aussi dans tout le monde chrétien.
- D'autre part, un effort comme celui qu'exigeait une construction de ce genre ne put être fourni par une simple communauté de moines, même des plus nombreuse, et encore moins se
dérouler pendant les 17 années qui séparèrent la conversion d'Omar de sa mort. Il ne parait pas non plus raisonnable de penser qu'Omar ibn Hafsún ait pu permettre de commencer à construire un édifice chrétien de cette catégorie dans la capitale de ses territoires alors qu'il professait l'islamisme.
- Bien que quelques auteurs affirment qu'il y avait déjà dans las Mesas de Villaverde un monastère chrétien antérieur à la rébellion qui eut comme centre Bobastro, ce qui nous parait possible, rien n'indique qu'il existât déjà un édifice aussi significatif à une époque de graves difficultés pour les chrétiens en Al-Andalus, même dans le cas où ce monastère aurait été situé au même endroit où , par la suite, fut creusée la basilique. Cependant, la récente découverte d'une autre église dans la zone ouvre d'autres perspectives à la possibilité qu'elle ait été placée autre part, dans le même environnement.
- Enfin, l'effort fourni pour tailler dans un rocher un édifice pratiquement indestructible indique non seulement la possession de grands moyens de la part de son promoteur, mais aussi le désir de laisser une marque qui pourraient subsister dans le temps comme souvenir de quelque chose qui courait le risque d'être détruit jusqu'à ses fondations. De ce point de vue, la basilique de Bobastro semble être le seul souvenir d'un personnage démesuré qui fut sur le point de modifier l'histoire de Al-Andalus et, par conséquent de toute l'Espagne à la fin du premier millénaire.
A mi-chemin entre l'histoire et la légende, cette incroyable construction monolithe et tout son environnement attendent toujours à las Mesas de Villaverde une étude archéologique approfondie, offrant pour l'instant au visiteur, par sa situation, son paysage et ses étonnantes caractéristiques, une image surprenante de notre histoire à la fin du premier millénaire.
Autres informations intéressantes
Moyen d'accès: Sortir de Malaga par la route A-357 jusqu'à Ardales, Prendre ensuite la MA-444 direction El Chorro. A 6kms prendre à droite une route goudronnée qui mène à Bobastro. Coordonnées GPS: 36º 54' 8'' N 4º 46' 53'' W.Information: Red Patrimonio Guadalteba. Route Campillos- Málaga, km11. Téléphones: 95 271 34 55/95 271 30 04. Courrier électronique: prehistoriaardales@guadalteba.com.
Page Web: http://www.redpatrimonioguadalteba.es/epocaedadmedia-bobastro-principal.html.
Horaires des visites: de Mardi à Dimanche et lundis fériés, de 10h à 15h. Visites guidées toutes les heures.
Tarifs: Entrée normale 3?, retraités et enfants de 5 à 12 ans 2?.
Bibliographie
Imagen del Arte Mozárabe; José Fernández Arenas
SUMMA ARTIS: Tomo VIII
L'Art Préroman Hispanique - L'Art Mozarabe: Jacques Fontaine(ZODIAQUE)
Arte y Arquitectura en España 500/1250: Joaquín Yarza
Hasday, el "Habib"
del califa: Raúl Romero Bartolomé
Historia de España de Menéndez Pidal: Tomo
VI
Historia de España de Menéndez Pidal: Tomo VII: Claudio Sánchez Albornoz
Bobastro. El nido de águilas de Umar ibn Hafsun
Las ruinas de Bobastro
Bobastro
Historia de los mozárabes de España